Delesvaux, ca les vaut

 
Capture

Mauvais jeu de mots en guise de titre je vous l’accorde, un peu évident comme le sont les vins de Philippe & Catherine Delesvaux quand on parle de liquoreux (de Loire ou d’ailleurs).

Parlons tout d’abord de l’homme; il est attachant à plusieurs titres :

– D’abord il produit de beaux vins. On y reviendra.

– Cet homme ne vient pas du « milieu ». Il y est venu par passion, passion pour les vins, les liquoreux et les vins de glace notamment. On parle donc avec un vigneron, mais aussi avec un amateur (et ce qui est chouette avec les amateurs, c’est qu’ils aiment, qu’ils partagent, et qu’ils n’ont moins de prétentions).

– L’homme a beaucoup de recul et de lucidité.
Il aurait pu atterrir dans une autre région, mais c’est du coté de St Aubin de Ligné qu’on lui a proposé de prendre des vignes en fermage pour pas trop cher. C’était en 1978 je crois.
Il n’a pas commencé avec les meilleurs terroirs (par là bas les coteaux ne sont pas un cadeau), ni avec les vignes en meilleur état… mais il a pris le temps.
Le temps de bien faire : de replanter, de travailler la terre, de respecter le matériel végétal, d’attendre les maturités, d’écouter les saisons.

– L’homme est sans doute un peu fou malgré les apparences:
Pourquoi planter 1 ha de vignes francs de pied qui donne un rendement de 6 a 10hl/ha ?
Pourquoi produire 1 cuvée grains Nobles Anthologie avec une récolte de 30 l. par ha ?
Comment rentabiliser un domaine sans chaptaliser et produire seulement 1 ou 2 barriques de grains nobles en 2007, 2008 et 2009 voire 0 en 2012 contre 20 en 2010 et 6 en 2011 ?
En fait non, ce n’est pas de la folie, c’est juste la passion qui emportent ces choix, la raison vient après.



Parlons du domaine; je l’ai connu via Catherine et notre groupe sur LPV avec un SGN 1997, un nectar ambré alliant plaisir et complexité . A y tremper les lèvres, on y oublie la notion de « sucres résiduels ». Ce vin avait excité ma curiosité car il mettait véritablement à mal la supposée supériorité des sauternes en matière de liquoreux.
Impossible de boire un tel breuvage et de ne pas en savoir plus. L’acheteur un rien compulsif que je suis, s’est alors rué du coté de la Madeleine pour transformer l’essai avec l’achat d’un Clos (très beau « tendre » de 130 g de sucres résiduels…) et d’un SGN 98 (plus classique, allez disons-le un peu décevant pour le prix, fruit d’un millésime « difficile » comme on dit dans ces cas là).

Puis, je me suis retrouvé dans les locaux de Philippe et sa femme.
J’avais un temps espéré y apprécier le micro climat du Layon (la pluviométrie locale n’a rien a voir avec celle d’Angers pourtant éloigné de 10 km environ). J’y’ai juste apprécié un vent menaçant (qui facilite le passerillage donc il est pardonné) et l’accueil de Philippe qui fut chaleureux. La dégustation fut somptueuse car des bouteilles de SGN 1997 et 2010 ainsi que Anthologies 96 97 2010 trainaient là…ouvertes dans le réfrigérateur…

delesvaux-2010-layon


Mais résumons ces belles choses :

– Le domaine produit des rouges attachants, super abordables comme la Montée de l’Epine en cabernet sauvignon, sur le fruit, un rien rustique.

– Le Blanc Sec Authentique est aussi franc que ses pieds de vigne. Il est sans doute plus riche que son propriétaire. J’aurai du en prendre…

– Le Clos est une superbe gourmandise, un moelleux a prix doux. Intéressant de voir comme le botrytis prend le dessus sur le jus passerillé en fin de bouche (sur 2010, c’est moins vrai avec le millésime 2011).

– La « Sélection de grains nobles » est la plus pure évocation des valeurs du domaine : pur plaisir (230g), pur équilibre, pur tout court (pas d’intrants !). La finale corsée promet des gardes heureuses (il faudra bien des années au vin pour digérer tout ce sucre). 2010 est une année d’exception si vous voyez ce que je veux dire… Non ? Disons que cette cuvée fera des heureux et je compte bien en être!
2011 est aussi d’un très bon niveau mais dans un tout autre style, porté par l’acidité (si ma fille lit ces lignes un jour qu’elle m’excuse d’avoir déjà pris 1 flacon du carton qui lui est destiné…).

– Les vins de la cuvée Anthologie sont vraiment des vins a part, des ovnis. D’ailleurs ils sont rares (Ce 1er tri n ‘a été conservé qu’en 1995, 1996, 1997, 2010 et peut être 2009 ?). Parlez-moi de miel, de cire. A tomber !
Dans ce registre des vins d’exception, Carbonifera avec ces notes tourbées, emporte ma préférence. Elle ne laisse pas indifférent cette cuvée qui n’ a été produite qu’une seule fois ; en 97. La vigne était plantée sur les sols charbonneux (d’où ces arômes) de l’ancien clos des Pavillons (mais comme elle avait plus de 80 ans, on ne reverra plus cette cuvée…) snif.

 

Le mot de la fin, utile et pas mercantile (car le domaine écoule facilement sa production) : un SGN 2010 à 30€ prix domaine, ça les vaut bien. OK je sors…

Pour aller plus loin:
http://pipette.canalblog.com/archives/2006/06/13/1989871.html
http://pipette.canalblog.com/archives/2011/01/17/20126992.html
http://lacavedebobosse.blogspot.fr/2012/03/visite-chez-catherine-et-philippe.html

2 commentaires sur “2”

  1. très beau portrait d’un véritable professionnel du vin, on comprend qu’il fasse bien son métier. surtout dans la Loire, où les cépages peuvent être parfois capricieux. belle description des vins également, vous avez éveillé ma curiosité, merci.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*