Une journée dans les garages : Stéphane Bernaudeau, Pierre Menard, Jerome Lenoir

 

Ce post aurait du s’appeler « une journée dans les vignes » mais force est de constater que les vignerons que nous avions envie de rencontrer, allaient nous emmener dans leur garage qui fait office de chai.

Une journée pas comme les autres, loin du quotidien, avec Stephane Bernaudeau, Pierre Ménard, Laurent Lebled et Jerome Lenoir…

 

Stephane Bernaudeau

On commence la journée avec Stéphane Bernaudeau (lire cet article pour en savoir plus sur ce vigneron).
Si la cuvée des Nourrissons fait justement la réputation du domaine, la toute nouvelle cuvée « Les onglés 16 » devrait faire oublier « Les Sables ». Encore sur lie, elle est très riche, saline, citronnée.
Je découvre un vigneron taiseux, touché au sens propre par le gel, pas autant « nature » qu’on le dit et cela me va très bien  (avec un SO2 total de 40 mg) qui recherche la droiture et l’acidité dans la richesse de ses pressées (avec 3 vieilles presses en bois).
Je découvre aussi les cuvées rouges, dont « Vrilles  2016« , totalement égrappées car le goût des pépins de raison ne convenait pas à Stephane, donc très vivant et fruité (pour le plaisir) ainsi que la cuvée « Vrilles 2015« , non égrappée, plus serrée avec un légère et noble astringence (pour la table et pour la garde).

 

Pierre Ménard

On file chez Pierre Ménard, un tout jeune vigneron a Faye d’Anjou, humble mais déterminé et talentueux, qui travaille sur quelques ares à son nom et travaille pour ses parents vignerons le reste du temps.  Ils ont 26 ha et vendent leur production à la coopérative de Brissac.

Les Quarts de Noel – en haut de la crête a droite le Clos des Mailles

En 2013, Pierre se lançait avec seulement  20 ares sur « les Quarts de Noel », une petite parcelle qu’il nous a fait visiter avec de vieux ceps centenaires en début de fleur. Il travaille donc 7 rangs de vigne sur sols de schistes (on est dans l’appellation Layon) avec un rendement de 30 hl/ha pour 900 à 1000 bouteilles produites en blanc sec.
En 2014, il lance une cuvée sauvignon appelée « Laika ».
En  2015, rien de neuf si ce n’est qu’il n’a pas assez de bouteilles pour répondre à la demande. Le sérieux de sa démarche est salué, le potentiel commercial est validé, je suppose que cela lui a donné la motivation pour aller plus loin.
En 2016, il reprend 80 ares du Clos des mailles appartenant à ses parents.  Là encore on y trouve des ceps relativement anciens donc peu productifs, qui intéressent moins les coopérateurs.
En 2017, il prend quelques ares du Clos des Mailles supplémentaires et quelques rangs de Cabernet. Son domaine compte désormais 1.7 ha; cela dévient du sérieux. Du coup, un chai est en cours de construction à côté de l’ancienne maison de sa grand mère (qu’il devrait retaper). Beaucoup de travail en perspective !

 

On goûte les vins dans le garage des parents :
Laika 15, sauvignon blanc, mais on dirait du chenin, l’acidité du terroir bloque l’aromatique du sauvignon qui « pousse » en seconde bouche mais n’arrive pas à percer la trame acide. Légère sensation de petits tanins anguleux, cela accroche un peu. Beau vin, prêt pour la table.
Laika 16, très différent du millésime précédent, plus posé, plus variétal, facile, rond, citronné en final
Les Quarts de Noel 15, nez chaleureux (14.5°), le vin frappe par sa longueur en bouche, racé, même trame acide et saline que Laika, salivant. Très beau vin.
Les Quarts de Noel 16 sur fut, citron, supplément de profondeur, me rappelle le 14 et les sensations de « prairie » alors observée. La belle synthese de  2014 et 2015. Très beau vin.
Clos des Mailles 16, c’est un vin riche, ample, large. Il trouvera sa place dans la gamme entre Laika et les Quarts.
Clos des Mailles 16 sur Phtanite, Pierre a mis de côté les raisins venant des sols riches en phtanite (Pierres bleues, jaspe) dans un fut (venant de chez Haut Brion soit dit en passant). En découle un vin très très élégant, une sorte d’infusion. Très beau vin. Il en fera sans doute une cuvée spécifique (Il aura ainsi 5 cuvées pour  1.7ha).

 

Laurent Lebled

Le temps de déjeuner à La Promenade de Bourgueil, on file chez Laurent Lebled, un vigneron que je ne connaissais pas et que je découvre avec plaisir. Ce vigneron qui navigue entre l’Anjou et le Loir & Cher, brille par sa gentillesse et son oeil taquin !
On goûte les vins dans un bâtiment étroit que Laurent va bientôt quitter.

La sauvignonne 16, On est sur le sable 16, Ca c’est bon  16 ont en commun d’être des vins :
– natures : aucun soufre ajouté
– et pour autant sans aucun défaut… il y a de la maitrise et du travail la dessous !
– de plaisir : certes les vins sont un poil courts, mais ils sont fait pour les amis, le plaisir, la simplicité.

Petite surprise, il nous fait goûter « Les Picasses 15« . Depuis 2014, il garde en cuve des jus de ce terroir reconnu de Bourgueuil. Nez de pruneau, c’est lardé, complexe, légèrement tannique. Laurent dévoile ainsi son ambition de produire des cuvées plus complexes, plus gastronomiques. Il le fait de façon assez tranchée puisque ces cuvées seront élevées 4 ou 5 ans, il ne les proposera à la vente que lorsqu’il estimera qu’elles sont prêtes à la consommation.

 

Jerome Lenoir – Domaine des Roches

A peine le temps de faire une sieste dans l’herbe, Jerome Lenoir nous trouve allongés devant son chai. C’est toujours un plaisir simple et sincère de saluer ce vigneron. On descend dans l’antre de Jerome …
Si l’homme a pris des coups, il reprend le dessus. Le lieu lui, n’a pas bougé et le temps n’a plus de prise. On part sur une dégustation qui va nous emmener de son Chinon 2016 en élevage … à 1976.

 

 

Je ne parlerai que de 4 bouteilles : La trilogie 09 10 et 11 est très belle,  2009 est grand, 1976 est magnifique, Jerome le dit à jamais infatigable.
Quel plaisir !

 

 

Autant dire que j’arriverai en retard au repas Slow Food Nantes Forum le soir même (avec les vins de Jerome Bretaudeau), mais c’est une autre histoire.

 

 

 

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